
En Inde, il y a longtemps, un jeune homme s’éprend de son double sur les marches d’un tombeau. Plages et ciels blancs, pêches nocturnes, bungalows sur pilotis, offices luthériens… Le narrateur finit par posséder sa proie. Après la mousson, le double part pour l’Europe et se libère. Le héros l’attendra de longues années avant de lui faire subir le supplice de Narcisse.

Le Cap Horn, bien sûr, lieu de naufrages, mais la corne aussi et le phallus, et puis le cor, celui que l’on entend au fond des bois : la musique du désir et du péril.

Certains êtres passent d’un coup d’aile. Tout est bref en eux : les amours, les goûts, la vie-même. S’ils nous brûlent, il faut leur pardonner la brûlure : elle nous enseigne que la légèreté a sa noblesse. Ils méprisent l’argent, leur santé, leur sécurité. Ce sont eux, peut-être, les anges ? Rilke, qui avait frayé avec eux, recommandait d’être « plus vite que le rapide départ ».

Dans HORN, le narrateur nous entraînait près de Madras, au bord d’une plage, dans la maison de son enfance. Il nous invite ici à visiter cette ruine « une dernière fois » prétend-il. Ces quatre vases contiennent du sable de Coromandel, d’Esna en Egypte, de Van en Anatolie, et d’un phare mystérieux. L’auditeur ne se doute pas qu’il s’agit d’un tour de magie et qu’à la fin, il entrera lui-même dans le livre !



Extrait : « Le signe attendu »
Ce n’est pas parce qu’on a détruit mes remparts que le sang de l’île cesse de battre,Que cent moussons ont rouillé l’épave aux crocs de murènes, que la raie géante, là-bas, comme une Voile, vers l’agave et la brûlure, faseye,Que le sang de l’île cesse de battre.
Inspectons le tumulus et la falaise, vérifions que le courant épand la même chevelure et que les cartouches vides sont au même endroit ensevelies.
Ces traces de pas dans la glaise, -si puissamment taillées-, je sais bien que ce ne sont pas les tiennes et pourtant, je m’étends sur elles ; même à toi, j’ai préféré le désir.
L’orage, une voix, des goules : autant de signes attendus, quand des rois, soudain, des soldats, gourds et sombres, jaillissent de la plus sage des houles et s’étonnent d’entendre cette coquecigrue peint d’encre et faite des pages de ma mémoire leur dire : « Je suis la pointe de l’ombre. »
Ce n’est pas parce que le sable de toutes mes plages s’est envolé dans le vent de mille moussons et que des vagues de millions de crabes et des cadavres de millions de squales l’os seul est demeuré que s’est adouci le désir.

Croyez-vous qu’Alice, le Petit Poucet et Merlin l’Enchanteur dorment sur leurs deux oreilles dans leur domaine enchanté ? Rien n’est moins sûr : Un tel domaine attire toujours les djinns, les sorcières, les fantômes et mêmes d’horribles monstres…
